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Actualités

14 mai 2024 : le Hibou anime une rencontre avec Jean-Christophe Bailly autour de l’ouvrage « Temps réel » à la librairie Ombres blanches de Toulouse.
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11 mai 2024 : le Hibou anime la rencontre avec Olivier Rolin lors du Banquet de printemps consacré à « L’Histoire reconstituée » au Centre culturel de Lagrasse – Les Arts de lire.
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16 mars 2024 : le Hibou anime une rencontre consacrée à la littérature québécoise au Centre culturel de Lagrasse – Les Arts de lire.
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Janvier 2024 : un Hibou préférant Pluton rédige un texte d’accompagnement pour le dispositif de curiosités archivistiques consacré à l’écrivain Bernard Manciet, en cours de conception par les Archives départementales des Landes. L’inauguration de la mini-maison de Bernard Manciet est prévue vendredi 15 mars 2024 !
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Janvier 2024 : le Hibou préférant Pluton vous souhaite une très bonne année ! Ensemble, inventons les deux mille vingt-quatre cents coups…
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Décembre 2023 : cette année, le Hibou préférant Pluton vous propose son propre calendrier de l’Avent. Foin de chocolat et de babioles : chaque jour, une vignette valant devinette…
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15 décembre 2023 : le Hibou anime la rencontre autour du livre Sur la peinture de Gilles Deleuze, en présence de l’éditeur de l’ouvrage David Lapoujade, à la librairie Ombres blanches de Toulouse.
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8 décembre 2023 : le Hibou anime la rencontre autour de 3 Nanas, récit de Nathalie Piégay, à la librairie Ombres blanches de Toulouse.
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Automne 2023 : le Hibou préférant Pluton est heureux de débuter une nouvelle collaboration avec le projet interdisciplinaire « Noms et représentations des tissus biologiques » (Sorbonne Université). Merci pour leur confiance !
Mission : rédaction de textes et médiation scientifique

13 octobre 2023 : à l’Université de Genève, le Hibou participe à une table ronde célébrant l’oeuvre de l’écrivain Jean-Christophe Bailly (dans le cadre du Dies Academicus).
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Automne 2023 : le Hibou préférant Pluton organise une déambulation colorée intitulée « Les mille sept couleurs de la ville rose ». Mais chuuut, c’est un événement privé et c’est une surprise…
Accéder aux illustrations (avec mot de passe)

Septembre 2023 : après plusieurs années en hibernation, pendant lesquelles il a été actif seulement pour des missions ponctuelles, le Hibou préférant Pluton prend son envol à plein temps !

Crédits images et mentions légales

Un Hibou préférant Pluton

Un Hibou préférant Pluton

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Inventons les deux mille vingt-quatre cents coups !

Création : Un Hibou préférant Pluton, à partir d’images libres de droits

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Les pictos proviennent de la banque d’icônes iconmonstr : https://iconmonstr.com/

Les hiboux sont extraits des images suivantes :

  • Horned Owl, from the Birds of America series (N4) for Allen & Ginter Cigarettes Brands, 1888, The MET, domaine public
  • Terracotta rim fragment of a kylix (drinking cup), Grèce, 5e siècle avt. notre ère, The MET, domaine public
  • Leo Gestel, Hibou, 1934 – 1936 (Ontwerp boekillustratie voor Alexander Cohen’s Van Anarchie tot Monarchie), The Rijksmuseum, domaine public
  • Benjamin Pollock, Characters, from Jack and the Giant Killer, Plate 6 for a Toy Theater, 1870-1890, The MET, domaine public
  • Jacques Hurtu, Oval Pendant Decorated with Schweifwerk, Surrounded by Smaller Motifs and Four Birds, v. 1614-1619, The MET, domaine public
  • Samuel Jessurun de Mesquita, Hibou (Hoornuil), 1915, The Rijksmuseum, domaine public

Les planètes sont choisies parmi les ressources publiées par la NASA et disponibles sur Wikimedia commons (L ligne, C colonne) :

  • L1C1 et L6C5 : Gros plan de Ganymède, 2021 (mission Juno) – image courtesy NASA/JPL-Caltech/SwRI/ASI/INAF/JIRAM
  • L1C4 : Terre, Blue Marble Western Hemisphere, 2007 – image courtesy NASA/Goddard Space Flight Center/Reto Stöckli
  • L1C5 et L4C2 : Jupiter, hémisphère sud, 2020 (mission Juno) – image courtesy NASA/JPL-Caltech/ASU
  • L1C6 et L7C5 : Terre (Afrique, Antarctique et péninsule arabique), 1972 (mission Apollo 17) – image courtesy NASA/Apollo 17 crew; taken by either Harrison Schmitt or Ron Evans
  • L1C7 : Ganymede, lune de Jupiter, 1998 (mission Galileo) – image courtesy NASA/JPL/DLR
  • L2C2 : Mars, Valles Marineris, 1980 (mosaique d’images de Viking 1) – image courtesy NASA / USGS
  • L2C3 et L7C7 : Pleine lune, 1992 (mission Galileo) – image courtesy NASA/JPL/USGS
  • L2C5 : Uranus, 1986 (depart, Voyager 2) – image courtesy NASA
  • L2C7 et L4C1 : Callisto, lune de Jupiter, 1997 (mission Galileo) – image courtesy NASA/JPL-Caltech.
  • L3C2 : Venus, 2020 (Mariner 10) – image courtesy NASA/JPL-Caltech
  • L3C3 : Jupiter (pôle sud), 2017 (mission Juno) – image courtesy NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Betsy Asher Hall/Gervasio Robles
  • L3C7 et L7C2 : Pluton, 2015 (sonde New Horizons) – image courtesy NASA / Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory / Southwest Research Institute
  • L4, C7 et L7C1 : Mercure, 2011 (mission Messenger) – image courtesy NASA/JHUAPL
  • L5C1 : Jupiter, 2019 (mission Juno) – image courtesy NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Kevin M. Gill
  • L6C7 : Jupiter, 2007 (sonde New Horizons) – image courtesy NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Southwest Research Institute
  • L7C3 : Neptune, 1998 (Voyager 2) – image courtesy NASA/JPL
  • L7C4 : Charon lune de Pluton, 2015 (New Horizons 10) – image courtesy NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Southwest Research Institute

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Des cadeaux plein la tête

L’imagerie commerciale du sapin entouré de paquets colorés a durablement envahi notre idée de Noël. C’est pourtant oublier qu’il est récent que le CADEAU désigne un objet à offrir. Le mot vient en effet du latin capitellus (petite tête), qui a donné capdel en ancien provençal signifiant probablement « personnage placé en tête » et « lettre capitale ». Ainsi, au 15ème siècle, un cadeau était une lettre CAPITALE ornée. Au 18ème siècle, il conservait ce premier sens et pouvait également signifier une fête donnée pour une Dame (on suppose que les initiales de la dame étaient peut-être embellies en lettres cadeaux). À partir de là est apparu le sens de cadeau comme plaisir à offrir. En ces temps de catastrophe écologique et de difficultés sociales, souvenons-nous alors qu’il n’est pas besoin d’acheter des objets pour faire des cadeaux. Une image, un texte, un beau moment, sont autant de cadeaux étymologiquement fondés et qui restent dans la tête.
Le Hibou espère ainsi que les 24 étapes de ce calendrier auront été autant de cadeaux et vous souhaite de très belles fêtes !

Montage à partir de
– Cadeau « J » en capitale ornée : seconde bible de Charles le Chauve, début de l’évangile de Marc, manuscrit médiéval / Abbaye de Saint-Denis, LATIN 2, folio 367
– Cadeau « N » en capitale ornée : Page ornée en tête du Prosaire d’Echternach, 1075?-1100? / Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, LATIN 10510
– Encadrement : Manuscrit médiéval de l’Incipit de Plutarque, « Vie des hommes illustres » / Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, LATIN 5827
Vignettes :
– Alessandro Casolani, « Visage d’enfant aux cheveux bouclés », 2e moitié du 16e s. / Musée du Louvre, département des arts graphiques, INV 3028, Verso
– E.A. Abbey, « Man Delivering a Holiday Box » (Homme livrant un paquet de Noël), 1906 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Jean Matet, « Vieux dictons », 1923 / Bibliothèque municipale de Toulouse, FCJ C 3729, disponible sur Gallica
– Charles Martin, « La bise », dans La Vie parisienne, 7 janvier 1911 / Bibliothèque nationale de France, Estampes et photographie, TF-758-PET FOL
– dans un anachronisme assumé, le texte proposé sur la page est celui d’une chanson pacifiste dénonçant les jouets qui miment la guerre, « Ne jouez pas aux soldats », a priori écrite par Léo Lelièvre (paroles) et Paul Dalbret (musique) vers 1921 (reprise partiellement par les Sunlights en 1967).

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Au temps pour moi

La distinction entre le temps « qui passe » et le temps « qu’il fait » appartient aux beautés traîtresses de la langue française, comme d’un certain nombre d’autres idiomes. Cette ambivalence continue de se répercuter et de se complexifier avec les dérivés de tempus, en particulier autour du verbe latin temperare signifiant « organiser, régler » et « combiner dans de justes proportions ». Ainsi, les partitions de préludes et fugues de Jean-Sébastien Bach s’intitulent « Le clavier bien TEMPÉRÉ », insistant sur l’exactitude d’un rythme minutieusement réglé (évoquant le temps qui passe). En parallèle, l’INTEMPÉRIE désigne une météo déréglée et la TEMPÉRATURE la constitution physique d’un corps organisé, puis l’état thermique d’un lieu (évoquant le temps qu’il fait).
Mais l’affaire peut encore se compliquer ! Bousculant toute cette tempérance dans la construction lexicale, la lettre « R » a lancé un croc-en-jambe à la fin du moyen-âge, pour s’imposer en début de mot. Le vocabulaire savant appelle cela une métathèse, et voilà que ce qui était tempéré devient TREMPÉ. Tout se passe comme si cette bousculade agissait aussi sur le sens. L’idée de départ du verbe temperare, celle d’une combinaison ou d’un mélange équilibré (tremper, c’est d’abord mélanger un liquide avec de l’eau ou un autre liquide), bascule vers plus de radicalité : les esprits tempérés deviennent des caractères bien trempés, et la température bien réglée d’une chambre à coucher disparaît sous l’inondation d’un intérieur détrempé…

Montage à partir de :
– Honoré Daumier, « Locataires et propriétaires » dans Le Charivari, 26 mai 1847 / Bibliothèque nationale de France, département Fonds du service reproduction, 4-Lc2-1328 
– Thermomètre publicitaire (marque Pierre Jacquemin et Fils), 1ère moitié du 20e s. / Musée de la vie bourguignonne, Dijon © photo : Perrodin François

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Étonnants attelages

Il est des mots qui semblent aujourd’hui voués aux cruciverbistes, aux scrabbleurs et à quelques manuels techniques. Ainsi en va-t-il de AIS qui désigne une planche de bois (ou dans certains usages spécifiques, un meuble de boucher et du matériel d’imprimeur).
Pour autant, ces mots rares sont parfois membres d’une famille célèbre ! Ainsi, l’ais vient du latin assula (« planche ») qui a lui-même produit astella (« éclat de bois », « planchette »), qui a vu naître les bien connus ATTELLE et ATELIER.
En ancien français, l’astele s’est spécialisée au 12e siècle pour désigner une « petite pièce de bois servant à maintenir les fractures ». Quelques siècles plus tard est apparu l’astelier, pour dire d’abord un « tas de bois », puis le « lieu où un artisan travaille (le bois) », avant de se généraliser au local que nous connaissons où s’exécute une activité manuelle, devenant le lieu de travail d’ouvriers ou d’artistes.
Ainsi, un morceau de bois relie l’atelier et l’attelle. En revanche, il ne semble pas que le verbe ATTELER, qui attache un animal de trait à un véhicule en dérivant du latin protelare (conduire, éloigner), soit originaire de la même famille… même si, à l’oreille, on aurait très envie de le raccrocher aux branches !

Montage à partir de :
– Thomas Wijck, « A Painter at Work in his Studio » (Un peintre au travail dans son atelier), 1663-77 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Anonyme, « Mendiant estropié », XVIIIe s. / Musée du Louvre, département des arts graphiques, INV 34760 recto

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Comment devenir chèvre…

Le 19e siècle a supposé que le nom de la CREVETTE venait du « crabe » ou de l’« écrevisse » (ce sont par exemple les hypothèses proposées dans le dictionnaire Littré). Depuis, les études étymologiques ont établi que le mot nous arrive en réalité d’un autre animal plus surprenant : la CHÈVRE. La crevette effectuant de petits sauts, à la manière d’une chèvre, elle a été désignée « chevrette », ou « crevette » dans la forme normanno-picarde, nom qui lui est resté dans la langue d’aujourd’hui.
Morale de l’histoire : la crevette saute comme un cabri… et les mots pourraient bien nous faire devenir chèvres, nous aussi.

Montage à partir de :
– Claude Lorrain, « Le troupeau en train de boire », 1635 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
-Jacques de Sève, « La chèvre de Juda », 1755 / Bibliothèque nationale de France, Estampes et photographie, RESERVE JB-23 © BOITE FOL
– Prosper Alphonse Isaac, « Crevette », 1908-1012 / Bibliothèque nationale de France, Estampes et photographie, FOL-EF-449

Remarque (et indice) : la signature du peintre a été maintenue même si la toile a été modifiée… ce qui peut vous aider à retrouver le tableau original, afin de repérer plus facilement l’élément qui a été ajouté.

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La rose arrosée

Les écoliers se souviennent généralement des premières gammes de latin, rosa rosa rosam, déclinaison chantante et chantée au fil des générations. Le mot est léger et la ROSE la fleur des fleurs, celle qui a donné son nom à une couleur, un roman, une boussole, un pot secret et tutti quanti. Éblouissante et délicate floraison ! Qui exige notamment que la fleur soit savamment ARROSÉE. Mais l’arrosage ne découle pas du nom de la rose. Il vient du latin arrosare, construit à partir de ros, roris : la rosée. Arroser, c’est donc d’abord « couvrir de rosée », et à partir de là « humecter, couvrir d’un liquide ».
Ainsi, il est bien vrai que le langage peut être plus ou moins fleuri. En arrosant, on couvre les roses de rosée pour qu’elles s’épanouissent. A contrario, si on se lasse d’envoyer des fleurs, on peut toujours envoyer les importuns sur les roses.

Montage à partir de :
– Édouard Manet, « La famille Monet dans son jardin à Argenteuil », 1874 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Wilhelm Trübner, « Rose Hedge » (Haie de roses), 1910 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public

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Siroter n’est pas engloutir

Le verbe latin sorbere signifiait « avaler » voire « engloutir » (ce dont se souviennent aujourd’hui ses dérivés « absorber » ou « résorber »). Formidable hasard ! Car il n’est pas à l’origine du délicieux SORBET… Celui-ci, par l’intermédiaire probable de l’italien sorbetto, est apparu au 16e siècle à partir du turc sharbet venant du verbe arabe šariba : « boire ». D’ailleurs, avant d’être la glace que nous connaissons, le sorbet désignait une composition faite notamment à partir de citron, et de là le breuvage obtenu quand ce mélange était battu avec de l’eau. On ne s’étonnera pas alors que ce soit à la même racine du verbe šariba que s’abreuve l’origine du mot SIROP, solution très concentrée en sucre, qui donne d’agréables boissons rafraîchissantes.
Que cela ne nous empêche pas d’engloutir en quelques secondes sorbets et sirops, n’en déplaise à l’étymologie.

Montage à partir de :
– Ibn Butlan, « Marchand de sirop de vinaigre », Tacuinum sanitatis, 11e s. ou 15e s. / Bibliothèque nationale de France, Manuscrits (latin 9333)
– « Marchand de sorbet turc », 1778-1882 / Bibliothèque nationale de France, Estampes et photographie
– « Il Sorbettiere Ambulante », depuis l’œuvre « Usi e costumi di Napoli e contorni descritti e dipinti… » de Francesco De Boucard, 1853 / domaine public, disponible sur Wikimedia commons
– Miguel Andrade, Sirop d’érable, 2006 / domaine public, disponible sur Wikimedia commons

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Électrique tragédie ?

Héroïne de la mythologie grecque, ÉLECTRE incarne la douleur d’une vengeance patiemment préparée. Elle a inspirée Eschyle, Sophocle et Euripide avant de réapparaître dans de nombreuses créations modernes. Aucun lien, semble-t-il, avec l’énergie électrique, baptisée plusieurs millénaires après la figure tragique.
Pourtant l’ÉLECTRICITÉ, nommée à partir du latin scientifique electricus puis de l’expression anglaise electrick bodies (probablement apparue dans le traité De Magnete du physicien Gilbert en 1600), évoque la même matière que le nom féminin : l’« ambre ». Car les anciens avaient observé le phénomène d’attraction et de répulsion de cette substance, que les Grecs appelaient êlektron, après avoir été frottée.
Du nom mythologique au phénomène scientifique, le vocabulaire observe peut-être la même chose : une énergie qui fascine et inquiète, capable d’éclairer mais aussi de consumer nos existences.

Montage à partir de :
– Whirsker, « Mademoiselle Clairon dans le rôle d’Electre » (Les Métamorphoses de Melpomène et de Thalie), XVIIIe s. / © Bibliothèque nationale de France – arts du spectacle 8-RIC-65
– Anonyme, « Electricity for everybody » (électricité pour tout le monde), 1895 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public

Remarque (et indice) : il n’est pas anodin que cette image apparaisse un dimanche…

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Driiiiiiiiiing !

On lit dans la Bible que Dieu créa le monde en six jours et le septième se reposa. Du verbe latin creare, le mot CRÉATION désigne ainsi, dans le vocabulaire religieux, l’acte par lequel Dieu fabrique l’univers et les vivants à partir du néant. En langue courante, il dit l’action d’inventer, former, produire un être ou une chose.
Après la création, c’est le temps du repos. Or, on a joliment nommé ré-création le moment de détente qui succède à l’effort d’une occupation sérieuse. La RÉCRÉATION désigne aujourd’hui une activité divertissante en général et, en particulier, la pause des élèves pendant la journée d’apprentissage. Souvenons-nous alors que le verbe recreare signifiait « produire de nouveau », et de là « faire revivre, rétablir, réparer ». N’en déplaise aux fanatiques de l’effort au travail, la récréation n’est donc en rien inutile ou à mépriser : elle est le temps vivifiant qui permet de faire renaître l’esprit malmené.
En souvenir de cette étymologie célébrant la réanimation, nous pourrions souhaiter aux malades non pas un « bon rétablissement », mais une « bonne récréation » !

Montage à partir de :
– Giovanni di Paolo, « La création du monde et l’expulsion du paradis », 1445 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Jan Willem van Borselen, « Jongen en meisje op een duin » (Garçon et fille sur une dune), 1871 / Rijks Museum, domaine public

Remarque : comme pour la vignette 6, les deux mots du jour ne sont plus liés en phonétique, donc difficiles à deviner dans l’image… sauf peut-être à réfléchir quantitativement !

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Copains comme cochons ?

Le PORC ne pose pas de difficulté lexicale particulière. Dérivant du latin porcus de même sens, il désigne le cochon que l’on considère avant tout pour sa viande. C’est l’animal domestique, à sa place en élevage. En parallèle, le SANGLIER est l’animal sauvage, que l’imaginaire associe à la chasse ou aux accidents sur les routes forestières. On pourrait d’ailleurs supposer le mot né dans le « sang » ou la « sangle »… Que nenni ! Le sanglier est le solitaire : du latin singularis porcus, qui désignait le mâle adulte vivant seul, l’adjectif est resté pour donner « sengler » en ancien français, puis le « sanglier » que l’on connaît.
N’en déplaise à Obélix qui les rêve par douzaines, le sanglier est un porc au SINGULIER.

Montage à partir de :
– Benjamin Rabier, « 1er avril (les cochons) », v. 1900 / © Musée de La Roche-sur-Yon
– Maurice Sand, « Sanglier en hiver », milieu 19e s. / Monuments historiques, Château de Nohant – musée George Sand © Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP

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À votre service

Dans la grande danse du langage, certains mots sont plus entourés que d’autres. Quelques uns sont même des sortes de stars, accompagnés de dérivés si nombreux qu’on a du mal à s’y retrouver. Et la présence de frères jumeaux n’arrange rien ! C’est le cas avec les deux verbes servio (« être esclave », « se mettre au service de ») et servo (« observer », « faire attention à »), qui ont probablement un ancêtre commun mais sont déjà séparés dans le latin. Ainsi, le « service » de table et les boîtes de « conserve » ne seront pas à mettre dans le même panier.
Même sur le meuble que l’on appelle « desserte », où l’on pose les plats qui vont servir ou ont servi, on ne sait plus bien dans quel sens va l’étymologie. Par exemple, le DESSERT désigne le mets que l’on propose au dernier service d’un repas (avant de desservir). Et la SERVIETTE, que l’on mettra autour du cou à l’arrivée de la mousse au chocolat, est là selon certains car elle doit nous servir (de servio), selon d’autres car elle va préserver nos vêtements (de servo).
La seule solution pour sortir de cet imbroglio sera certainement de manger du gâteau sans y penser, puis de s’essuyer les mains dans la nappe !

Montage à partir de :
– Georges Daniel de Monfreid, « Le grog », fin 19e s. /Musée des Beaux-Arts de Reims (inv. 943.1.35), © photo: Christian Devleeschauwer
– Raphaelle Peale, « Nature morte au gâteau » (Still Life with Cake), 1818 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public

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Voir rouge

Du latin rubeus (rouge) sont apparus plusieurs mots qui suggèrent la couleur, parmi lesquels l’éclat du rubis figure en bonne place. Moins évidemment, c’est aussi le cas de la RUBRIQUE. Désignant d’abord l’ocre ou la craie rouge, elle est devenue un terme typographique pour caractériser titres et majuscules : autrefois marqués en rouge dans les textes, ils en ont gardé le nom, même si ce n’est plus nécessairement par la couleur qu’on les distingue dans la page.
Il y a encore l’adjectif RUBICOND, toujours un peu cocasse, dont la forte rougeur s’associe souvent à un aspect rond et luisant, qu’on emploie peu si ce n’est pour décrire un visage marqué ou une pomme sympathique. Est-ce à cause de l’homophonie troublante avec le RUBICON, rivière à ne pas traverser sauf à s’appeler César et prétendre devenir empereur ? On peut lire que ce petit cours d’eau aurait été baptisé en raison des sédiments ferreux qui lui donnaient peut-être un aspect rougeâtre. Cela est sans certitude, mais ce qui est sûr, c’est que le nom retrouve toute son acuité dans notre imaginaire : franchir le Rubicon, c’est passer la ligne rouge.

Montage à partir de :
– Jean Fouquet, « Le Passage du Rubicon par César », 15e s. / © Musée du Louvre, RF 29493
– Terrier de l’Hôpital Saint-Jean-Baptiste d’Aire-sur-la-Lys (p.1), 15e s. / Collection des manuscrits de la bibliothèque du Pays de Saint-Omer
– « Malle Babbe », in the Style of Frans Hals, 17e s. / The Metropolitan Museum of Art, domaine public, disponible sur Wikimedia commons

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Les aventures de l’Avent

L’AVENT désigne la période de préparation avant les célébrations de Noël. Le mot sonne parfaitement bien, mais il n’a rien à voir avec l’adverbe « avant » ! L’Avent dérive du latin adventus pour dire l’arrivée ou l’avènement (en l’occurrence, la venue du Christ). Le verbe ad-venire (« arriver », « se produire »), qui a vu naître l’Avent, est aussi à l’origine de toutes nos AVENTURES : à strictement parler, l’aventure caractérise d’abord ce qui va arriver, ce qui arrivera certainement.
Ainsi, on peut écrire « après l’avent » sans s’inquiéter de contradiction. Mais pas « l’aventure de l’avent », qui est une redoutable redondance étymologique (rien de moins !).

Montage à partir de :
– William Hogarth, The Adventure of Mambrino’s Helmet, v. 1756 / The Metropolitan Museum of Art, 32.35(61) (domaine public)
– Anonyme, St. Nicholas: Christmas Number, 1896 / The Metropolitan Museum of Art, 2015.206 (domaine public)

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À fleur de mot

On observe une TULIPE et on devine qu’elle se tient dans un équilibre venu d’ailleurs, alliance de sobriété longiligne et de formes doucement incurvées, relevées par une couleur à la fois vive et retenue. Son nom ne correspond à aucune construction lexicale familière. On pense alors à la Hollande, pays fou de tulipes à tel point que le mot « tulipomanie » apparut pour dire la passion de cette fleur qui s’y répandit au XVIIe siècle. Pourtant, c’est bien d’Orient que la tulipe est arrivée avec son étrange beauté et son nom emprunté au turc : tülbend désigne le TURBAN à partir du persan dulband. La fleur a pris le nom de la coiffe en même temps que sa forme et son élégance discrète.
La tulipe et le turban sont donc sœur et frère, comme suspendus dans un commun équilibre, et se tiennent soigneusement à l’écart de l’agitation turbulente (turbulentus) du latin, qui n’a rien à voir dans l’affaire.

Montage à partir de :
– Rembrandt (Rembrandt van Rijn), Homme en turban, 1632, / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Papier peint à motif répétitif, manufacture WYLIE & LOCHHEAD, millésime 1907 / © C. Vaxelaire, Rixheim, musée du papier peint

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C’est la fête, mais pas la foire !

On peut aujourd’hui aller indifféremment à la fête foraine ou à la foire. Les deux mots paraissent liés à tel point que l’on pense couramment l’adjectif « forain » dérivé du nom « foire ». Détrompons-nous !
FORAIN, construit sur le latin foris (« dehors »), désigne dans son ancien usage ce qui est à l’extérieur ou ce qui en vient. Une rade foraine, par exemple, est un abri qui accueille les bateaux en dehors du port et reste éventuellement ouvert aux vents du large. L’anglais se souvient mieux de cette étymologie avec le mot foreign qualifiant ce qui est étranger (d’où le foreign office, ministère des affaires étrangères). La FOIRE de son côté est née dans le latin feriae caractérisant les « jours consacrés au repos », qui sont encore nos jours « fériés », et de là les jours de fête et les marchés qui leur étaient souvent associés.
C’est dans l’usage moderne, par l’entremise joyeuse des acteurs et des marchands forains, que les deux mots ont mis en commun leur sens de la fête !

Montage à partir de :
– Aimé Duthoit, Amiens: la foire de la Saint-Jean, v. 1850 /© Teissedre, © Comdesimages, Musée de Picardie
– Jean Veber, La Foire de Saint-Cloud, 19e s. / © Lemaître Pascal, musée départemental de Sceaux

Remarque : aujourd’hui, ce sont pas moins de quatre mots qui sont associés dans l’image !

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Les muses n’ont point de museaux

Imaginons un chien pointant son museau dans un bal musette où une foule amusée se trémousse en musique. Le gêneur ici ne sera pas celui qu’on croit ! Car dans cet étrange tableau lexical, c’est la musique qui bouscule l’harmonie.
En effet, le MUSEAU de l’animal, le bal MUSETTE et l’AMUSEMENT proviennent du même radical mus, désignant le « museau » en ancien français. Cette étrangeté s’explique : il faut gonfler ses joues (son museau) pour jouer de la « musette », ancien instrument à vent dont le nom s’est reporté sur l’accordéon qui tente de l’imiter, puis sur les bals où l’on danse au son de l’accordéon ; le bal musette invitant justement à « s’amuser », c’est-à-dire à occuper agréablement son temps en flânant… le museau en l’air.
Dans cette joyeuse assemblée de mots mal embouchés, la MUSIQUE se trouve étrangement isolée : elle est l’art des muses, du grec mousikê (tekhnê), désignant d’abord tous les arts auxquels les neuf déesses présidaient, puis plus spécifiquement l’art des sons. Heureusement, la musique ne fait pas la fine bouche et ne se musèle pas dans sa divine origine : depuis des millénaires, elle joue et nous invite à entrer dans la danse.

Montage à partir de :
– Thomas Rowlandson, The Ball Room (détail), 1813 / The Metropolitan Museum of Art, domaine public
– Auguste Rodin, Joueur d’accordéon, fin 19e s.-début 20e s. / © Jean de Calan – musée Rodin
– Pierre Mignard, Étude d’une main et de deux museaux de chiens (détail), 4e quart du 17e s. / © RMN – Musée du Louvre
– Louis Bernuy, partition des « Joyeux enfants de la Bourgogne » (détail), 1er quart du 20e s. / © Alexandra Ballet – Musée municipal de Nuits-Saint-Georges

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Étymologie salée

Il y en a dans la mer, dans certaines roches, dans nos corps, et on le jette sur les routes enneigées pour éviter les glissades. Le SEL, qui semble aujourd’hui partout, peut même s’avérer trop présent : la personne qui vient ajouter son grain est considérée comme importune et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alerte sur les conséquences dramatiques d’une consommation devenue excessive dans notre alimentation.
Pourtant, pendant des siècles, le sel fut très précieux, notamment pour ses propriétés de conservation. À tel point qu’il est à l’origine du mot SALAIRE. En latin, le sal (sel) a donné salarium, désignant d’abord la « ration de sel » elle-même, puis la « solde pour acheter du sel ». Le salaire a perdu ensuite en matérialité et on l’associe désormais le plus souvent à un virement sur compte bancaire. Mais les petits salaires demeurent trop faibles pour se nourrir, et les affaires de gros sous sont rarement des histoires de gros sel.

Montage à partir de :
– Jan Toorop, « Mauvais salaire » : deux ouvriers, 1868-1919 / The RijksMuseum, domaine public
– Jean-Paul Gibert, Salière / CCA-4.0, disponible sur Wikimedia Commons

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L’oreille fait le nom et le nom fait la sourde oreille

Les animaux et leurs noms font apparaître un imaginaire fabuleux où puisent joyeusement les abécédaires pour enfants, du A de l’antilope jusqu’au Z du zébu. Parmi les puissances d’évocation du bestiaire, il y a par exemple les mots construits sur d’incertaines onomatopées : peut-être le « canard » vient-il de son cancan, le « bélier » de son bêêêlement et votre serviteur le « hibou » de son fameux cri nocturne, houhouuuuuu.
Et puis il y a d’autres constructions que l’on ne soupçonne pas. Ainsi en va-t-il de l’OTARIE, qui doit son nom au grec ôtarion signifiant « petite oreille ». C’est en effet car elles ont des pavillons auriculaires externes, et donc des oreilles visibles, que l’on distingue notamment les otaries des phoques. L’anglais et l’allemand le disent encore plus clairement en appelant l’animal eared seal et Ohrenrobbe : mot à mot, le phoque à oreilles. L’otarie et l’OTITE, qui dit l’inflammation de l’oreille grâce au suffixe médical caractéristique en -ite, sont donc de la même famille hellénistique – qui n’est pas tout à fait celle du mot « oreille », qui vient pour sa part du latin, auris.
Tout cela est étonnant, mais certainement préférable à la situation où l’otarie aurait été nommée d’après son cri, qui nous aurait obligés à nous boucher les oreilles pour la citer.

Montage à partir de :
– François Goglins, Otarie à Joigny (Yonne, France), 2017 / CCA-SA 4.0 disponible sur Wikimedia commons
– Jean-Auguste Dominique Ingres, Oreille, 19e s. / © Guy Roumagnac – musée Ingres Bourdelle de Montauban

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Les amours des aimants

Les aimants s’attirent, s’évitent, il suffit souvent d’une pichenette pour inverser les moi non plus. Pourtant, les aimants ne sont pas amoureux, à lexicalement parler.
Le verbe AIMER nous vient du latin amare, de même sens, qui a aussi produit « amant » ou « amateur ». En revanche, le nom AIMANT vient du grec adamas pour « fer très dur, acier », qui a aussi donné… diamant.
Pour résumer : si le diamant est devenu une sorte d’aimant pour son aimé(e), ce n’est qu’un hasard, à en perdre son latin.

Montage à partir de :
– Boussole, v. 1700, lieu de provenance Isfahan / © 2007 Musée du Louvre (MAO 339), Claire Tabbagh /
– David Lestourgeon, Montre ronde, v. 1700-1715 / © Musée du Louvre, OA 8424

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Risque de renverse !

La pluie soudaine, que nous appelons AVERSE, vient de la locution « pleuvoir à la verse ». Comprendre : ça tombe dru. Si l’averse nous offre la possibilité de danser sous la pluie, on l’apprécie généralement assez peu. Le dictionnaire suggère d’ailleurs que développer une AVERSION pour les averses est tout naturel. Car l’aversion désigne, dans son origine latine, l’action de détourner (a-versio). Ainsi l’averse et l’aversion sont proches parentes, avec pour ancêtre commun le latin versare : « tourner souvent » et de là, « tourner et retourner, bouleverser ».
Que ce soit l’eau dans le ciel ou l’humeur dans nos cerveaux : avec l’averse et l’aversion, ça part dans tous les sens.

Montage à partir de :
– Utagawa Hiroshige, Averse soudaine sur le pont Shin-Ōhashi à Atake, 1857 / Metropolitan Museum of Art (domaine public)
– Jean Audran, La Haine ou la jalousie , 17e-18e s. / © Musée du Louvre (INV 28329.BIS, Recto), dist. RMN-Grand Palais – Photo M. Beck-Coppola

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Rigole pas rigolote

Il arrive de rire jusqu’aux larmes, celles-ci dégoulinant le long de la joue en des filets joyeux. Peut-on alors imaginer que rigoler fait apparaître des rigoles ? Surtout pas ! Car c’est par une étonnante confluence que les deux mots se sont rejoints dans cette même sonorité.
La RIGOLE, conduit amenant et évacuant l’eau, vient du néerlandais regel (rangée, ligne droite) renvoyant au latin regula : la règle. Le verbe qui rit quelque peu familièrement est moins droit dans son histoire : on suppose que RIGOLER est né dans le croisement de riolle (rire) et de gale (réjouissance, qu’on connaît par exemple encore dans l’adjectif « galant »). La rigolade rit plutôt deux fois qu’une, pendant que la rigole trace sa ligne.

Montage à partir de :
– Anonyme, Goulotte ornée, Pompei, Italie , 1851 – 1900 / The RijksMuseum (domaine public)
– L. Cappiello, Croquis caricatural de Coquelin Cadet, 1899 / © RMN – Musée du Louvre

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Avez-vous un mandat ?

Le terme juridique MANDAT existe en français comme dans les séries policières américaines, avec des significations un peu différentes, qui suggèrent dans tous les cas un certain pouvoir confié pour exécuter une mission. Le mot est un hériter du latin mandare qui signifiait « envoyer », « confier » ou « donner en mission ». A priori rien à voir avec le joli fruit qu’est la MANDARINE ! Pourtant, ce n’est pas si certain…
Le fruit tient son nom de sa couleur qui rappelle les habits des anciens mandarins, souvent jaunes. Le nom de ceux qui étaient des officiers civils ou militaires impériaux asiatiques a lui-même une longue généalogie, passée par le sanscrit (mantrin), le malais (mantari) puis le portugais (mandarim). Or, au fil du temps, la forme du mot a été acquise après un croisement hérité de mandare… partageant donc, à travers le personnage du mandarin, un bout d’étymologie avec nos mandats juridiques.
Ainsi, à ceux qui iraient en prison à la suite d’un mandat de dépôt, il peut être pertinent d’apporter des mandarines plutôt que des oranges.

Montage à partir de :
– Anonyme, Interrogatoire de MM. Merlin, Bazire et Chabot, le juge de paix ayant décerné un mandat…, dans « Révolutions de Paris, 17 mai 1792 / BnF (domaine public)
– Nature morte aux fruits, Cornelis de Heem, 17è s. / Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, Jörg P. Anders (domaine public)

Remarque : l’association entre les mots du jour est retorse ! A moins que vous soyez grand spécialiste d’entomologie ET d’étymologie grecque, n’hésitez pas à découvrir rapidement l’étonnante légende en cliquant ci-dessous…

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Moustique sur canapé

CANAPÉ est un mot sympathique, à la sonorité pimpante, qu’on associe volontiers à un moment de détente entre des coussins douillets, ou à des petits toasts servis à l’apéritif. C’est que la mémoire collective a oublié que le canapé est associé à un des cauchemars de nos étés : il dérive du grec kônôps qui désigne le « MOUSTIQUE ».
À partir du grec, le latin conopeum a signifié la « moustiquaire » ou la « tenture », puis l’ancien français conopé s’est métamorphosé peu à peu en une « sorte de lit entouré d’une moustiquaire », pour devenir enfin le canapé que nous connaissons. C’est comme si le vocabulaire avait guidé peu à peu le moustique jusqu’au canapé qui accueille nos siestes et nos lectures importunées.
Tout cela pendant que l’insecte redouté a trouvé un autre chemin pour se frayer un nom latin dans le « moustique », hypothétique combinaison entre la « mouche » et la « tique » !

Montage à partir de :
– Paul Méras (dessin), La Gazette du bon ton, 1914, n°1 / The RijksMuseum, domaine public
– Culex versus Anopheles, 1916, British Museum. Special Guide 7. Guide to insects and ticks in the Museum / domaine public, disponible sur Wikimedia Commons

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Quand le vocabulaire s’amende

AMANDE. Discrète et harmonieuse, elle laisse en bouche une douce saveur sucrée. Son nom semble emprunter aux débuts de l’amour et y ajouter une touche de rondeur.
AMYGDALE. Rougeâtre et bulbeuse, on la remarque quand elle geint au fond de notre gorge mal en point. On croirait le son né d’un mariage monstrueux entre l’amibe et la mygale.
Que l’on considère le mot ou la chose, que l’on en croit nos yeux, nos oreilles ou nos papilles, tout oppose l’amande et l’amygdale. Las ! C’est pourtant exactement le même nom, avec quelque 2000 ans d’intervalle.
Le fruit s’appelait amydgala, du grec amugdalê. Bien inspirée, l’évolution phonétique a provoqué sa métamorphose en « amande ». Et laissé la place vacante pour l’« amygdale », qui a hérité au moyen-âge de cet habit de langage inusité, en raison d’une prétendue analogie de forme.
Heureusement pour les métaphores fruitières, le vocabulaire médical fut plus inspiré quand il a désigné les pommettes de nos joues et les prunelles de nos yeux.

Montage à partir de :
– Jean-Baptiste S. Chardin, Le Panier de prune, 3e quart du 18e s. / RMN – musée des beaux-arts de Rennes
– Henry Gray, Anatomy of the Human Body, La Cavité bucale, 1918, Bartleby / domaine public, disponible sur Wikimedia Commons

Remarque : aujourd’hui ce ne sont pas deux, mais trois mots associés dans l’image !

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Encerclés ?

Notre intuition perçoit facilement que le CIRQUE a à voir avec le CERCLE, cette proximité se révélant par exemple à travers l’adjectif « circulaire ». C’est que le circus latin désignait d’abord directement la forme du cercle. Par analogie, le mot s’est reporté sur l’enceinte de même forme où se déroulaient les jeux. En partant du circus, le mot « cirque » a donc progressivement désigné la piste, le bâtiment et le spectacle tout à la fois. Pendant ce temps, la forme géométrique s’est allongée en circulus avant de se stabiliser dans le cercle.
Autrement dit, quand nous allons au cirque, nous nous attendons à admirer clowns, funambules et autres acrobates, alors que nous regardons d’abord un cercle pris dans une histoire qui tourne en rond.
Et à ce stade, il vaudra mieux éviter de CHERCHER l’erreur : le verbe dérivant lui-même de circare pour « faire le tour, parcourir pour examiner », il nous emmènerait dans d’infinis tours de piste…

Montage à partir (de cercles tracés sous GIMP et) de :
– Henri Gabriel Ibels, Le Cirque (détail), 2e quart du 20e s. / musée des beaux-arts de Nantes, photo A. Guillard
– Point d’interrogation, domaine public, disponible sur Wikimedia Commons