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Nina Rocipon – Un Hibou préférant Pluton
31000 TOULOUSE
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Inventons les deux mille vingt-quatre cents coups !
Création : Un Hibou préférant Pluton, à partir d’images libres de droits
Les pictos proviennent de la banque d’icônes iconmonstr : https://iconmonstr.com/
Les hiboux sont extraits des images suivantes :
Les planètes sont choisies parmi les ressources publiées par la NASA et disponibles sur Wikimedia commons (L ligne, C colonne) :
L’imagerie commerciale du sapin entouré de paquets colorés a durablement envahi notre idée de Noël. C’est pourtant oublier qu’il est récent que le CADEAU désigne un objet à offrir. Le mot vient en effet du latin capitellus (petite tête), qui a donné capdel en ancien provençal signifiant probablement « personnage placé en tête » et « lettre capitale ». Ainsi, au 15ème siècle, un cadeau était une lettre CAPITALE ornée. Au 18ème siècle, il conservait ce premier sens et pouvait également signifier une fête donnée pour une Dame (on suppose que les initiales de la dame étaient peut-être embellies en lettres cadeaux). À partir de là est apparu le sens de cadeau comme plaisir à offrir. En ces temps de catastrophe écologique et de difficultés sociales, souvenons-nous alors qu’il n’est pas besoin d’acheter des objets pour faire des cadeaux. Une image, un texte, un beau moment, sont autant de cadeaux étymologiquement fondés et qui restent dans la tête.
Le Hibou espère ainsi que les 24 étapes de ce calendrier auront été autant de cadeaux et vous souhaite de très belles fêtes !
La distinction entre le temps « qui passe » et le temps « qu’il fait » appartient aux beautés traîtresses de la langue française, comme d’un certain nombre d’autres idiomes. Cette ambivalence continue de se répercuter et de se complexifier avec les dérivés de tempus, en particulier autour du verbe latin temperare signifiant « organiser, régler » et « combiner dans de justes proportions ». Ainsi, les partitions de préludes et fugues de Jean-Sébastien Bach s’intitulent « Le clavier bien TEMPÉRÉ », insistant sur l’exactitude d’un rythme minutieusement réglé (évoquant le temps qui passe). En parallèle, l’INTEMPÉRIE désigne une météo déréglée et la TEMPÉRATURE la constitution physique d’un corps organisé, puis l’état thermique d’un lieu (évoquant le temps qu’il fait).
Mais l’affaire peut encore se compliquer ! Bousculant toute cette tempérance dans la construction lexicale, la lettre « R » a lancé un croc-en-jambe à la fin du moyen-âge, pour s’imposer en début de mot. Le vocabulaire savant appelle cela une métathèse, et voilà que ce qui était tempéré devient TREMPÉ. Tout se passe comme si cette bousculade agissait aussi sur le sens. L’idée de départ du verbe temperare, celle d’une combinaison ou d’un mélange équilibré (tremper, c’est d’abord mélanger un liquide avec de l’eau ou un autre liquide), bascule vers plus de radicalité : les esprits tempérés deviennent des caractères bien trempés, et la température bien réglée d’une chambre à coucher disparaît sous l’inondation d’un intérieur détrempé…
Il est des mots qui semblent aujourd’hui voués aux cruciverbistes, aux scrabbleurs et à quelques manuels techniques. Ainsi en va-t-il de AIS qui désigne une planche de bois (ou dans certains usages spécifiques, un meuble de boucher et du matériel d’imprimeur).
Pour autant, ces mots rares sont parfois membres d’une famille célèbre ! Ainsi, l’ais vient du latin assula (« planche ») qui a lui-même produit astella (« éclat de bois », « planchette »), qui a vu naître les bien connus ATTELLE et ATELIER.
En ancien français, l’astele s’est spécialisée au 12e siècle pour désigner une « petite pièce de bois servant à maintenir les fractures ». Quelques siècles plus tard est apparu l’astelier, pour dire d’abord un « tas de bois », puis le « lieu où un artisan travaille (le bois) », avant de se généraliser au local que nous connaissons où s’exécute une activité manuelle, devenant le lieu de travail d’ouvriers ou d’artistes.
Ainsi, un morceau de bois relie l’atelier et l’attelle. En revanche, il ne semble pas que le verbe ATTELER, qui attache un animal de trait à un véhicule en dérivant du latin protelare (conduire, éloigner), soit originaire de la même famille… même si, à l’oreille, on aurait très envie de le raccrocher aux branches !
Le 19e siècle a supposé que le nom de la CREVETTE venait du « crabe » ou de l’« écrevisse » (ce sont par exemple les hypothèses proposées dans le dictionnaire Littré). Depuis, les études étymologiques ont établi que le mot nous arrive en réalité d’un autre animal plus surprenant : la CHÈVRE. La crevette effectuant de petits sauts, à la manière d’une chèvre, elle a été désignée « chevrette », ou « crevette » dans la forme normanno-picarde, nom qui lui est resté dans la langue d’aujourd’hui.
Morale de l’histoire : la crevette saute comme un cabri… et les mots pourraient bien nous faire devenir chèvres, nous aussi.
Remarque (et indice) : la signature du peintre a été maintenue même si la toile a été modifiée… ce qui peut vous aider à retrouver le tableau original, afin de repérer plus facilement l’élément qui a été ajouté.
Les écoliers se souviennent généralement des premières gammes de latin, rosa rosa rosam, déclinaison chantante et chantée au fil des générations. Le mot est léger et la ROSE la fleur des fleurs, celle qui a donné son nom à une couleur, un roman, une boussole, un pot secret et tutti quanti. Éblouissante et délicate floraison ! Qui exige notamment que la fleur soit savamment ARROSÉE. Mais l’arrosage ne découle pas du nom de la rose. Il vient du latin arrosare, construit à partir de ros, roris : la rosée. Arroser, c’est donc d’abord « couvrir de rosée », et à partir de là « humecter, couvrir d’un liquide ».
Ainsi, il est bien vrai que le langage peut être plus ou moins fleuri. En arrosant, on couvre les roses de rosée pour qu’elles s’épanouissent. A contrario, si on se lasse d’envoyer des fleurs, on peut toujours envoyer les importuns sur les roses.
Le verbe latin sorbere signifiait « avaler » voire « engloutir » (ce dont se souviennent aujourd’hui ses dérivés « absorber » ou « résorber »). Formidable hasard ! Car il n’est pas à l’origine du délicieux SORBET… Celui-ci, par l’intermédiaire probable de l’italien sorbetto, est apparu au 16e siècle à partir du turc sharbet venant du verbe arabe šariba : « boire ». D’ailleurs, avant d’être la glace que nous connaissons, le sorbet désignait une composition faite notamment à partir de citron, et de là le breuvage obtenu quand ce mélange était battu avec de l’eau. On ne s’étonnera pas alors que ce soit à la même racine du verbe šariba que s’abreuve l’origine du mot SIROP, solution très concentrée en sucre, qui donne d’agréables boissons rafraîchissantes.
Que cela ne nous empêche pas d’engloutir en quelques secondes sorbets et sirops, n’en déplaise à l’étymologie.
Héroïne de la mythologie grecque, ÉLECTRE incarne la douleur d’une vengeance patiemment préparée. Elle a inspirée Eschyle, Sophocle et Euripide avant de réapparaître dans de nombreuses créations modernes. Aucun lien, semble-t-il, avec l’énergie électrique, baptisée plusieurs millénaires après la figure tragique.
Pourtant l’ÉLECTRICITÉ, nommée à partir du latin scientifique electricus puis de l’expression anglaise electrick bodies (probablement apparue dans le traité De Magnete du physicien Gilbert en 1600), évoque la même matière que le nom féminin : l’« ambre ». Car les anciens avaient observé le phénomène d’attraction et de répulsion de cette substance, que les Grecs appelaient êlektron, après avoir été frottée.
Du nom mythologique au phénomène scientifique, le vocabulaire observe peut-être la même chose : une énergie qui fascine et inquiète, capable d’éclairer mais aussi de consumer nos existences.
Remarque (et indice) : il n’est pas anodin que cette image apparaisse un dimanche…
On lit dans la Bible que Dieu créa le monde en six jours et le septième se reposa. Du verbe latin creare, le mot CRÉATION désigne ainsi, dans le vocabulaire religieux, l’acte par lequel Dieu fabrique l’univers et les vivants à partir du néant. En langue courante, il dit l’action d’inventer, former, produire un être ou une chose.
Après la création, c’est le temps du repos. Or, on a joliment nommé ré-création le moment de détente qui succède à l’effort d’une occupation sérieuse. La RÉCRÉATION désigne aujourd’hui une activité divertissante en général et, en particulier, la pause des élèves pendant la journée d’apprentissage. Souvenons-nous alors que le verbe recreare signifiait « produire de nouveau », et de là « faire revivre, rétablir, réparer ». N’en déplaise aux fanatiques de l’effort au travail, la récréation n’est donc en rien inutile ou à mépriser : elle est le temps vivifiant qui permet de faire renaître l’esprit malmené.
En souvenir de cette étymologie célébrant la réanimation, nous pourrions souhaiter aux malades non pas un « bon rétablissement », mais une « bonne récréation » !
Remarque : comme pour la vignette 6, les deux mots du jour ne sont plus liés en phonétique, donc difficiles à deviner dans l’image… sauf peut-être à réfléchir quantitativement !
Le PORC ne pose pas de difficulté lexicale particulière. Dérivant du latin porcus de même sens, il désigne le cochon que l’on considère avant tout pour sa viande. C’est l’animal domestique, à sa place en élevage. En parallèle, le SANGLIER est l’animal sauvage, que l’imaginaire associe à la chasse ou aux accidents sur les routes forestières. On pourrait d’ailleurs supposer le mot né dans le « sang » ou la « sangle »… Que nenni ! Le sanglier est le solitaire : du latin singularis porcus, qui désignait le mâle adulte vivant seul, l’adjectif est resté pour donner « sengler » en ancien français, puis le « sanglier » que l’on connaît.
N’en déplaise à Obélix qui les rêve par douzaines, le sanglier est un porc au SINGULIER.
Dans la grande danse du langage, certains mots sont plus entourés que d’autres. Quelques uns sont même des sortes de stars, accompagnés de dérivés si nombreux qu’on a du mal à s’y retrouver. Et la présence de frères jumeaux n’arrange rien ! C’est le cas avec les deux verbes servio (« être esclave », « se mettre au service de ») et servo (« observer », « faire attention à »), qui ont probablement un ancêtre commun mais sont déjà séparés dans le latin. Ainsi, le « service » de table et les boîtes de « conserve » ne seront pas à mettre dans le même panier.
Même sur le meuble que l’on appelle « desserte », où l’on pose les plats qui vont servir ou ont servi, on ne sait plus bien dans quel sens va l’étymologie. Par exemple, le DESSERT désigne le mets que l’on propose au dernier service d’un repas (avant de desservir). Et la SERVIETTE, que l’on mettra autour du cou à l’arrivée de la mousse au chocolat, est là selon certains car elle doit nous servir (de servio), selon d’autres car elle va préserver nos vêtements (de servo).
La seule solution pour sortir de cet imbroglio sera certainement de manger du gâteau sans y penser, puis de s’essuyer les mains dans la nappe !
Du latin rubeus (rouge) sont apparus plusieurs mots qui suggèrent la couleur, parmi lesquels l’éclat du rubis figure en bonne place. Moins évidemment, c’est aussi le cas de la RUBRIQUE. Désignant d’abord l’ocre ou la craie rouge, elle est devenue un terme typographique pour caractériser titres et majuscules : autrefois marqués en rouge dans les textes, ils en ont gardé le nom, même si ce n’est plus nécessairement par la couleur qu’on les distingue dans la page.
Il y a encore l’adjectif RUBICOND, toujours un peu cocasse, dont la forte rougeur s’associe souvent à un aspect rond et luisant, qu’on emploie peu si ce n’est pour décrire un visage marqué ou une pomme sympathique. Est-ce à cause de l’homophonie troublante avec le RUBICON, rivière à ne pas traverser sauf à s’appeler César et prétendre devenir empereur ? On peut lire que ce petit cours d’eau aurait été baptisé en raison des sédiments ferreux qui lui donnaient peut-être un aspect rougeâtre. Cela est sans certitude, mais ce qui est sûr, c’est que le nom retrouve toute son acuité dans notre imaginaire : franchir le Rubicon, c’est passer la ligne rouge.
L’AVENT désigne la période de préparation avant les célébrations de Noël. Le mot sonne parfaitement bien, mais il n’a rien à voir avec l’adverbe « avant » ! L’Avent dérive du latin adventus pour dire l’arrivée ou l’avènement (en l’occurrence, la venue du Christ). Le verbe ad-venire (« arriver », « se produire »), qui a vu naître l’Avent, est aussi à l’origine de toutes nos AVENTURES : à strictement parler, l’aventure caractérise d’abord ce qui va arriver, ce qui arrivera certainement.
Ainsi, on peut écrire « après l’avent » sans s’inquiéter de contradiction. Mais pas « l’aventure de l’avent », qui est une redoutable redondance étymologique (rien de moins !).
On observe une TULIPE et on devine qu’elle se tient dans un équilibre venu d’ailleurs, alliance de sobriété longiligne et de formes doucement incurvées, relevées par une couleur à la fois vive et retenue. Son nom ne correspond à aucune construction lexicale familière. On pense alors à la Hollande, pays fou de tulipes à tel point que le mot « tulipomanie » apparut pour dire la passion de cette fleur qui s’y répandit au XVIIe siècle. Pourtant, c’est bien d’Orient que la tulipe est arrivée avec son étrange beauté et son nom emprunté au turc : tülbend désigne le TURBAN à partir du persan dulband. La fleur a pris le nom de la coiffe en même temps que sa forme et son élégance discrète.
La tulipe et le turban sont donc sœur et frère, comme suspendus dans un commun équilibre, et se tiennent soigneusement à l’écart de l’agitation turbulente (turbulentus) du latin, qui n’a rien à voir dans l’affaire.
On peut aujourd’hui aller indifféremment à la fête foraine ou à la foire. Les deux mots paraissent liés à tel point que l’on pense couramment l’adjectif « forain » dérivé du nom « foire ». Détrompons-nous !
FORAIN, construit sur le latin foris (« dehors »), désigne dans son ancien usage ce qui est à l’extérieur ou ce qui en vient. Une rade foraine, par exemple, est un abri qui accueille les bateaux en dehors du port et reste éventuellement ouvert aux vents du large. L’anglais se souvient mieux de cette étymologie avec le mot foreign qualifiant ce qui est étranger (d’où le foreign office, ministère des affaires étrangères). La FOIRE de son côté est née dans le latin feriae caractérisant les « jours consacrés au repos », qui sont encore nos jours « fériés », et de là les jours de fête et les marchés qui leur étaient souvent associés.
C’est dans l’usage moderne, par l’entremise joyeuse des acteurs et des marchands forains, que les deux mots ont mis en commun leur sens de la fête !
Remarque : aujourd’hui, ce sont pas moins de quatre mots qui sont associés dans l’image !
Imaginons un chien pointant son museau dans un bal musette où une foule amusée se trémousse en musique. Le gêneur ici ne sera pas celui qu’on croit ! Car dans cet étrange tableau lexical, c’est la musique qui bouscule l’harmonie.
En effet, le MUSEAU de l’animal, le bal MUSETTE et l’AMUSEMENT proviennent du même radical mus, désignant le « museau » en ancien français. Cette étrangeté s’explique : il faut gonfler ses joues (son museau) pour jouer de la « musette », ancien instrument à vent dont le nom s’est reporté sur l’accordéon qui tente de l’imiter, puis sur les bals où l’on danse au son de l’accordéon ; le bal musette invitant justement à « s’amuser », c’est-à-dire à occuper agréablement son temps en flânant… le museau en l’air.
Dans cette joyeuse assemblée de mots mal embouchés, la MUSIQUE se trouve étrangement isolée : elle est l’art des muses, du grec mousikê (tekhnê), désignant d’abord tous les arts auxquels les neuf déesses présidaient, puis plus spécifiquement l’art des sons. Heureusement, la musique ne fait pas la fine bouche et ne se musèle pas dans sa divine origine : depuis des millénaires, elle joue et nous invite à entrer dans la danse.
Il y en a dans la mer, dans certaines roches, dans nos corps, et on le jette sur les routes enneigées pour éviter les glissades. Le SEL, qui semble aujourd’hui partout, peut même s’avérer trop présent : la personne qui vient ajouter son grain est considérée comme importune et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alerte sur les conséquences dramatiques d’une consommation devenue excessive dans notre alimentation.
Pourtant, pendant des siècles, le sel fut très précieux, notamment pour ses propriétés de conservation. À tel point qu’il est à l’origine du mot SALAIRE. En latin, le sal (sel) a donné salarium, désignant d’abord la « ration de sel » elle-même, puis la « solde pour acheter du sel ». Le salaire a perdu ensuite en matérialité et on l’associe désormais le plus souvent à un virement sur compte bancaire. Mais les petits salaires demeurent trop faibles pour se nourrir, et les affaires de gros sous sont rarement des histoires de gros sel.
Les animaux et leurs noms font apparaître un imaginaire fabuleux où puisent joyeusement les abécédaires pour enfants, du A de l’antilope jusqu’au Z du zébu. Parmi les puissances d’évocation du bestiaire, il y a par exemple les mots construits sur d’incertaines onomatopées : peut-être le « canard » vient-il de son cancan, le « bélier » de son bêêêlement et votre serviteur le « hibou » de son fameux cri nocturne, houhouuuuuu.
Et puis il y a d’autres constructions que l’on ne soupçonne pas. Ainsi en va-t-il de l’OTARIE, qui doit son nom au grec ôtarion signifiant « petite oreille ». C’est en effet car elles ont des pavillons auriculaires externes, et donc des oreilles visibles, que l’on distingue notamment les otaries des phoques. L’anglais et l’allemand le disent encore plus clairement en appelant l’animal eared seal et Ohrenrobbe : mot à mot, le phoque à oreilles. L’otarie et l’OTITE, qui dit l’inflammation de l’oreille grâce au suffixe médical caractéristique en -ite, sont donc de la même famille hellénistique – qui n’est pas tout à fait celle du mot « oreille », qui vient pour sa part du latin, auris.
Tout cela est étonnant, mais certainement préférable à la situation où l’otarie aurait été nommée d’après son cri, qui nous aurait obligés à nous boucher les oreilles pour la citer.
Les aimants s’attirent, s’évitent, il suffit souvent d’une pichenette pour inverser les moi non plus. Pourtant, les aimants ne sont pas amoureux, à lexicalement parler.
Le verbe AIMER nous vient du latin amare, de même sens, qui a aussi produit « amant » ou « amateur ». En revanche, le nom AIMANT vient du grec adamas pour « fer très dur, acier », qui a aussi donné… diamant.
Pour résumer : si le diamant est devenu une sorte d’aimant pour son aimé(e), ce n’est qu’un hasard, à en perdre son latin.
La pluie soudaine, que nous appelons AVERSE, vient de la locution « pleuvoir à la verse ». Comprendre : ça tombe dru. Si l’averse nous offre la possibilité de danser sous la pluie, on l’apprécie généralement assez peu. Le dictionnaire suggère d’ailleurs que développer une AVERSION pour les averses est tout naturel. Car l’aversion désigne, dans son origine latine, l’action de détourner (a-versio). Ainsi l’averse et l’aversion sont proches parentes, avec pour ancêtre commun le latin versare : « tourner souvent » et de là, « tourner et retourner, bouleverser ».
Que ce soit l’eau dans le ciel ou l’humeur dans nos cerveaux : avec l’averse et l’aversion, ça part dans tous les sens.
Il arrive de rire jusqu’aux larmes, celles-ci dégoulinant le long de la joue en des filets joyeux. Peut-on alors imaginer que rigoler fait apparaître des rigoles ? Surtout pas ! Car c’est par une étonnante confluence que les deux mots se sont rejoints dans cette même sonorité.
La RIGOLE, conduit amenant et évacuant l’eau, vient du néerlandais regel (rangée, ligne droite) renvoyant au latin regula : la règle. Le verbe qui rit quelque peu familièrement est moins droit dans son histoire : on suppose que RIGOLER est né dans le croisement de riolle (rire) et de gale (réjouissance, qu’on connaît par exemple encore dans l’adjectif « galant »). La rigolade rit plutôt deux fois qu’une, pendant que la rigole trace sa ligne.
Le terme juridique MANDAT existe en français comme dans les séries policières américaines, avec des significations un peu différentes, qui suggèrent dans tous les cas un certain pouvoir confié pour exécuter une mission. Le mot est un hériter du latin mandare qui signifiait « envoyer », « confier » ou « donner en mission ». A priori rien à voir avec le joli fruit qu’est la MANDARINE ! Pourtant, ce n’est pas si certain…
Le fruit tient son nom de sa couleur qui rappelle les habits des anciens mandarins, souvent jaunes. Le nom de ceux qui étaient des officiers civils ou militaires impériaux asiatiques a lui-même une longue généalogie, passée par le sanscrit (mantrin), le malais (mantari) puis le portugais (mandarim). Or, au fil du temps, la forme du mot a été acquise après un croisement hérité de mandare… partageant donc, à travers le personnage du mandarin, un bout d’étymologie avec nos mandats juridiques.
Ainsi, à ceux qui iraient en prison à la suite d’un mandat de dépôt, il peut être pertinent d’apporter des mandarines plutôt que des oranges.
Remarque : l’association entre les mots du jour est retorse ! A moins que vous soyez grand spécialiste d’entomologie ET d’étymologie grecque, n’hésitez pas à découvrir rapidement l’étonnante légende en cliquant ci-dessous…
CANAPÉ est un mot sympathique, à la sonorité pimpante, qu’on associe volontiers à un moment de détente entre des coussins douillets, ou à des petits toasts servis à l’apéritif. C’est que la mémoire collective a oublié que le canapé est associé à un des cauchemars de nos étés : il dérive du grec kônôps qui désigne le « MOUSTIQUE ».
À partir du grec, le latin conopeum a signifié la « moustiquaire » ou la « tenture », puis l’ancien français conopé s’est métamorphosé peu à peu en une « sorte de lit entouré d’une moustiquaire », pour devenir enfin le canapé que nous connaissons. C’est comme si le vocabulaire avait guidé peu à peu le moustique jusqu’au canapé qui accueille nos siestes et nos lectures importunées.
Tout cela pendant que l’insecte redouté a trouvé un autre chemin pour se frayer un nom latin dans le « moustique », hypothétique combinaison entre la « mouche » et la « tique » !
AMANDE. Discrète et harmonieuse, elle laisse en bouche une douce saveur sucrée. Son nom semble emprunter aux débuts de l’amour et y ajouter une touche de rondeur.
AMYGDALE. Rougeâtre et bulbeuse, on la remarque quand elle geint au fond de notre gorge mal en point. On croirait le son né d’un mariage monstrueux entre l’amibe et la mygale.
Que l’on considère le mot ou la chose, que l’on en croit nos yeux, nos oreilles ou nos papilles, tout oppose l’amande et l’amygdale. Las ! C’est pourtant exactement le même nom, avec quelque 2000 ans d’intervalle.
Le fruit s’appelait amydgala, du grec amugdalê. Bien inspirée, l’évolution phonétique a provoqué sa métamorphose en « amande ». Et laissé la place vacante pour l’« amygdale », qui a hérité au moyen-âge de cet habit de langage inusité, en raison d’une prétendue analogie de forme.
Heureusement pour les métaphores fruitières, le vocabulaire médical fut plus inspiré quand il a désigné les pommettes de nos joues et les prunelles de nos yeux.
Remarque : aujourd’hui ce ne sont pas deux, mais trois mots associés dans l’image !
Notre intuition perçoit facilement que le CIRQUE a à voir avec le CERCLE, cette proximité se révélant par exemple à travers l’adjectif « circulaire ». C’est que le circus latin désignait d’abord directement la forme du cercle. Par analogie, le mot s’est reporté sur l’enceinte de même forme où se déroulaient les jeux. En partant du circus, le mot « cirque » a donc progressivement désigné la piste, le bâtiment et le spectacle tout à la fois. Pendant ce temps, la forme géométrique s’est allongée en circulus avant de se stabiliser dans le cercle.
Autrement dit, quand nous allons au cirque, nous nous attendons à admirer clowns, funambules et autres acrobates, alors que nous regardons d’abord un cercle pris dans une histoire qui tourne en rond.
Et à ce stade, il vaudra mieux éviter de CHERCHER l’erreur : le verbe dérivant lui-même de circare pour « faire le tour, parcourir pour examiner », il nous emmènerait dans d’infinis tours de piste…